Vague de froid et sans-abri : le silence gêné des élus locaux

Comme je le disais dans mon coup de gueule, pas besoin de trop s’intéresser aux SDF pour les élus si ce n’est électoraliste, ce n’est pas sur que ceux-ci soient des électeurs, et dans la réalité, les “Coluche” se font rare, surtout dans le rang des élus!

Dans le département de la Loire, l’accueil d’urgence est saturé. Sur le terrain, les associations se mobilisent et multiplient les réquisitions de bâtiments vides. Face aux menaces d’expulsion, le collectif Personne à la rue décide de mettre les élus de l’agglomération de Saint-Étienne devant leurs responsabilités politiques. Derrière les longs silences et les vagues promesses, la peur des plus précaires.

« Il y a beaucoup de gens ce soir, c’est peut-être parce qu’il fait très froid. On le ressent tous et, quand on sait que des personnes sont sans abri, ça touche encore plus. » Aux côtés de Guillaume, un jeune militant du collectif Personne à la rue [1], ils sont près d’une centaine à s’activer dans le hall du musée d’Art moderne de Saint-Étienne. Par petits groupes, ils déploient des cartons, les installent. Rapidement, les empilements donnent forme à des messages – « un toit, c’est un droit », « un toit, c’est la loi » – qu’ils reprennent en chœur. Face à eux, des élus traversent le hall, certains récupèrent des tracts, quand d’autres préfèrent filer par une autre entrée. Dans quelques minutes, une séance du conseil de Saint-Étienne Métropole, rassemblant des maires et des élus de 43 communes, doit s’ouvrir.

« Ces élus se disent de gauche, qu’ils le montrent »

« On va entrer dans la salle du conseil et demander à ce que la question du logement d’urgence soit mise à l’ordre du jour », explique Pierre, membre du collectif depuis sa création en 2009. « Ce qu’on veut, ce sont des actes, que les gens soient tous logés et que les bâtiments vides, notamment publics, soient réquisitionnés. » Le collectif en a recensé une quinzaine sur Saint-Étienne Métropole [2]. « Des centaines de personnes vivent en cabanes ou dans des squats pourris, souvent sans eau ni électricité. Ces élus se disent de gauche, qu’ils le montrent. » Mais la séance « publique » débute mal : des agents de sécurité barrent la porte aux militants priés d’envoyer une délégation de cinq personnes. Après d’intenses négociations, les portes finissent par s’ouvrir. « Tu as vu le nombre de sièges vides », s’indigne une jeune femme gagnant le fond de la salle.

C’est Jean qui prend la parole devant les élus au nom du collectif. Il a l’habitude de cet exercice. « Nous sommes déjà venus à deux reprises vous interpeller sur cette situation, et toujours rien, rappelle-t-il. Avant le déclenchement du plan grand froid, 400 personnes étaient à la rue. » Une situation qui, selon le collectif, touche maintenant de nouvelles familles victimes des inégalités, de la précarité, du chômage, des prix vertigineux des loyers. Et ce phénomène s’aggrave. Le baromètre 115, réalisé par la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars), suit l’évolution des demandes d’hébergement d’urgence et les réponses qui leur sont apportées. Selon ce baromètre, 91 % des appels au 115 [3] dans la Loire en décembre 2011 n’ont pas été suivis d’effet faute de place disponible (contre une moyenne nationale de 49 %). « Il y a quotidiennement une liste d’attente de plus de 230 personnes » sur le département, confirme le collectif.

Réquisition : le silence des élus

Pour faire face à l’urgence, Jean rappelle aux élus les réquisitions des logements vides opérées par les associations. Dans la salle du conseil, tous ont en tête les 33 personnes, dont 18 enfants, mises à l’abri en novembre 2011 dans l’immeuble dit « de la Perrotière ». Propriétaire de ce bâtiment vide depuis cinq ans, la ville de Saint-Étienne a fait signifier par huissier le 2 février « un commandement de quitter les lieux ». « Ce n’est pas d’expulsion que nous voulons entendre parler », rappelle Jean. « Pour que les choses soient claires, je veux vous réaffirmer que, y compris sur la Perrotière, il n’est pas envisagé de procéder à des évacuations maintenant », réagit Maurice Vincent, sénateur-maire (PS) de la ville, directement impliqué dans cette affaire. « Ni demain ni jamais !, répondent les militants. C’est mieux de les mettre dehors en avril ? »

« Vous avez tous dans vos communes des bâtiments vides, poursuit Jean. Nous vous demandons de les mettre à disposition pour tous les sans-abri. Parce que la solution est là, dans la mobilisation de tous ces immeubles et logements vacants. » Face au silence des élus, le collectif rappelle qu’un courrier du préfet a été envoyé en décembre à tous les maires du département pour leur demander de mettre à disposition des logements pour l’accueil d’urgence. C’est finalement Marie-Hélène Sauzéa, maire (PS) de Roche-la-Molière, une commune d’environ 10 000 habitants, qui prend la parole en premier. « Nous avons à Roche trois appartements d’urgence, qui sont pris tous les trois par des gens qui étaient à la rue, dont une dame qui est sans papiers. On y réfléchit sans arrêt à trouver des solutions pour des gens parce qu’il y en a tout le temps qui couchent dans des caves, des jeunes, des moins jeunes, et c’est vraiment très difficile. » Et la réquisition ? « Des appartements vides à Roche, il y en a extrêmement peu, ou très insalubres… » Un peu désemparée, elle reconnaît ne pas avoir pour le moment de solutions. Le maire de Saint-Chamond, Philippe Kizirian (PS), confirme de son côté avoir été « alerté par madame la préfète » et avoir « mis à disposition deux appartements ».

On se préoccupera du logement… après l’hiver

Aucun autre élu ne souhaite témoigner. Une attitude qui n’étonne en rien un membre du cabinet du maire de Saint-Étienne, présent dans la salle. « Nous avons reçu très peu de réponses positives de maires à la suite du courrier du préfet. Les gens protestent lorsque l’on propose de créer du logement d’urgence collectif, ils n’acceptent pas la présence durable de populations défavorisées près de chez eux. Ils nous demandent de ne pas rajouter de la misère à la misère. » La situation du département de la Loire se caractérise pourtant par un taux d’équipement en places d’hébergement parmi les plus faibles de la région Rhône-Alpes : 0,65 place pour 1 000 habitants dans la Loire contre 1,01 place pour 1 000 habitants en Rhône-Alpes, selon le PDAHI [4]. « Pour rattraper le taux régional, il faudrait donc créer environ 250 places », précise le collectif Personne à la rue. » « On a obtenu d’augmenter les capacités d’accueil du foyer rue Bergson en passant de 60 à 90 places, se réjouit pour sa part le membre du cabinet. Mais on ne peut pas non plus accueillir tout le département à Saint-Étienne. »

« Les services sont mobilisés avec ceux de la préfecture pour répondre aux demandes que vous exprimez, y compris en ouvrant un gymnase qui accueille une quarantaine de personnes », souligne Maurice Vincent. « La journée, le gymnase est fermé !, hurle Pierre, depuis le fond de la salle. À 8 h du matin, les familles doivent aller à l’accueil de jour de la Fontaine, qui se trouve à l’autre bout de la ville. Et ce sont les associations qui pallient les manques sur le terrain. » « Écoutez… je vous propose de mettre la question du logement d’urgence à Saint-Étienne Métropole à l’ordre du jour du prochain conseil », avance le maire socialiste. C’est à dire le 19 mars prochain. « Pour avoir un débat, encore faut-il un minimum d’état des lieux pour que l’ensemble des maires et des élus puissent avoir une vision sérieuse de la situation. Je vous propose maintenant de poursuivre, ou plutôt de commencer l’ordre du jour » (sic). Les promesses de François Hollande pour répondre à la crise du logement ne semblent pas, sur le terrain, avoir déjà été mises à l’ordre du jour.

À la sortie de la salle de conseil, Lucien affiche une mine quelque peu désabusée. « Promettre de se pencher sur le logement d’urgence dans un mois, c’est un peu ubuesque, non ? » Certes, aucun des membres du collectif ne se faisait vraiment d’illusion, mais ils voulaient au moins en parler. À peine ont-ils franchi la porte du musée que les températures négatives leur rappellent l’insuffisance des vagues promesses. Pas question toutefois de baisser les bras. L’urgence est là, et ils promettent de continuer les réquisitions de logements vides. « Nous sommes tous concernés, rappelle Pierre. Le droit au logement est un droit fondamental, et il n’est pas acceptable qu’un seul individu couche dehors. » Au stade Geoffroy-Guichard, une bâche chauffée cajole le terrain pour les jours de match. La pelouse, elle n’a pas attendu la mi-mars.

Sophie Chapelle (texte et photos)

Notes

[1] Ce collectif est composé de personnes, de mouvements et d’associations, notamment : RESF 42, Al Qalam, le CVDH, Emmaüs, la FCPE, la FSU, La Passerelle, le comité Tchétchénie Loire/Haute-Loire, la LDH, les Réseaux citoyens de Saint-Étienne, le Réseau de Solidarité avec les Rroms, SUD Éducation, Terre des Hommes 42, Triangle, l’Action catholique ouvrière, le CDAFAL, le CCFD, la CGT, la Cimade …

[2] Voir la liste

[3] Voir le baromètre hivernal du 115 de la Fnars-décembre 2011.

[4] Plan départemental d’accueil, d’hébergement et d’insertion des personnes sans domicile ou mal logées.

Source: Bastamag.net

Benji

9 Commentaires

  1. Ils vont s’occuper de ce grave problème au mois de mars?? ils seront trop occupés pour les présidentielles et à préparer les législatives…C’est dire que l’hiver prochain…rebelote!! 🙁

  2. IL NE S’AGIT PLUS DE LEVER LE DOIT SIL VOUS PLAIS .
    MAIS DE PRENDRE LES LOGEMENT VIDE MERCI

  3. c’est pas arko qui avait dit que s’il etait elu plus personne ne dormirait dans la rue ?
    j’aimerais bien que quelqu’un retrouve son allocution .
    histoire de reveiller ceux qui ont encore l’ontention de voter pour lui ( 33 % il parait ) :reallypissed:

  4. grosse p… de nora berra elle sait pas ce que c est un SDF rester chez eux NON ils devraient tous aller chez elle . et c est des merdes comme ca qui nous gouverne ? qu il aille tous se faire, faut les eliminer ces gens la d etre autant cons ,au fait le meeting pour la campagne de sarko le 19 y aura tout ces branleurs de ministres y a pas un kamikaze qui aurait envie de tous les amener en enfer?

    • ben tu vois , moi je suis tellement degouté que je n’arrive meme plus a poser des messages sur le site . que les brigades rouges se reveillent , il serait temps .

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