Haïti : mais où est passé tout le fric pour la reconstruction?..

J’ai vu un reportage sur Haïti il y a deux jours et ça m’a interpellée! Suite au tremblement de terre qui a dévasté le pays le 12 janvier 2010, ce pays est toujours aussi dévasté, rien ne semble avoir été fait…..Mais alors où est passé l’argent de la reconstruction?……La réponse est dans l’article, pas vraiment à la hauteur les “sauveteurs”..

12 janvier 2010, le centre ville de Port-au-Prince au lendemain du séisme.

Deux ans après le séisme de janvier 2010, le pays est loin de s’être remis debout. Peut-être est-ce parce qu’il a à peine vu la couleur des dons promis ? L’enquête du site américain CounterPunch détaille dans quelles poches sont tombées les sommes versées par Washington.

En Haïti, on dirait que le tremblement de terre a eu lieu il y a deux mois, et non il y a deux ans. Plus de 500 000 personnes n’ont toujours pas de logement et vivent dans des camps informels ; le sol est encore jonché de tous les débris des bâtiments en ruine, et le choléra a été introduit dans le pays et s’est transformé en une épidémie meurtrière qui a déjà tué des milliers de personnes et continue d’en toucher des milliers d’autres.

RFI/REUTERS

La vérité, c’est que pratiquement aucun don du public n’a directement été envoyé en Haïti. Les Haïtiens n’ont à peu près aucun contrôle sur cet argent, mais si l’on en croit l’Histoire, il est probable qu’on leur reprochera ces échecs – un petit jeu appelé : “Accusons la victime”.

Comme beaucoup d’autres personnes dans le monde, les Haïtiens se demandent où est passé l’argent. Voilà sept endroits où les dons sont ou ne sont pas allés.

1) Le bénéficiaire principal de l’argent octroyé par les Etats-Unis après le tremblement de terre s’est révélé être le gouvernement des Etats-Unis. Il en va de même pour les donations des autres pays.

Juste après le séisme, les Etats-Unis ont consenti une aide de 379 millions de dollars et ont envoyé 5 000 soldats. L’agence américaine Associated Press a découvert en janvier 2010 que 33 centimes de chacun de ces dollars avaient en fait été rendus directement aux Etats-Unis pour compenser le coût de l’envoi des troupes militaires. Pour chaque dollar, 42 centimes ont été envoyés à des ONG publiques et privées comme Save the Children, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies et l’Organisation panaméricaine de la santé.

L’ensemble du 1,6 milliard de dollars alloué par les Etats-Unis au secours d’urgence a été dépensé de la même façon : 655 millions de dollars ont servi à rembourser le département de la Défense, 220 millions ont été envoyés au département de la Santé et des Services à la personne pour qu’il aide les Etats américains à fournir des services aux réfugiés haïtiens, 350 millions ont été affectés à l’aide d’urgence fournie par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid), 150 millions sont partis au département de l’Agriculture pour participer à l’aide alimentaire d’urgence, 15 millions au département de la Sécurité intérieure pour couvrir les frais d’immigration, etc.

L’aide internationale a été répartie de la même façon. L’envoyé spécial des Nations unies pour Haïti a révélé que l’argent du fonds humanitaire, soit 2,4 milliards de dollars, avait été distribué de la façon suivante : 34 % ont été renvoyés aux organismes civils et militaires des donateurs pour l’intervention d’urgence, 28 % attribués à des agences des Nations unies et à des ONG, 26 % alloués à des sociétés privées et à d’autres ONG, 5 %  reversés à des sociétés nationales et internationales de la Croix-Rouge, 1 % a été versé au gouvernement haïtien et 0,4 % à des ONG haïtiennes.

2) Seulement 1 % des dons a été envoyé au gouvernement haïtien. Selon l’agence Associated Press, sur chaque dollar accordé par les Etats-Unis pour l’aide d’urgence, moins d’un centime est parvenu au gouvernement haïtien. Il en va de même avec les autres donateurs internationaux. Le gouvernement haïtien n’a absolument pas été mis à contribution dans le cadre de l’intervention d’urgence menée par les Etats-Unis et la communauté internationale.

3) Des sommes dérisoires sont parvenues aux entreprises et aux ONG haïtiennes. Le Center for Economic and Policy Research, la meilleure source d’information qui soit dans ce domaine, a analysé les 1 490 contrats attribués par le gouvernement américain entre janvier 2010 et avril 2011, et s’est rendu compte que seuls 23 d’entre eux avaient été accordés à des entreprises haïtiennes. Dans l’ensemble, les Etats-Unis ont distribué 194 millions de dollars à des sous-traitants, dont 4,8 millions seulement à des sociétés haïtiennes, soit environ 2,5 % du total. Quant aux sociétés privées de la région de Washington DC, elles ont reçu 76 millions de dollars, soit 39,4 % du total.

L’ONG Refugees International a indiqué que leurs collaborateurs sur place avaient eu du mal à accéder aux réunions opérationnelles organisées dans le complexe des Nations unies. D’autres ont noté que la plupart des réunions de coordination de l’aide internationale n’étaient même pas traduites en créole, langue que parlent la majorité des Haïtiens !

4) Un pourcentage non négligeable de l’argent a été transmis aux organismes internationaux d’assistance et aux grandes organisations non gouvernementales faisant partie de réseaux influents. La Croix-Rouge américaine a reçu plus de 486 millions de dollars de dons pour Haïti. Selon l’organisation, deux tiers de cet argent a servi à sous-traiter l’intervention d’urgence et la reconstruction, bien qu’il soit difficile d’obtenir plus de détails. Le salaire annuel du PDG de la Croix-Rouge est supérieur à 500 000 dollars par an [390 000 euros, soit 33 000 euros par mois].

On peut aussi mentionner le contrat de 8,6 millions de dollars entre Usaid et la société privée CHF, chargée de nettoyer les décombres dans Port-au-Prince. CHF est une entreprise de développement international qui, politiquement, fait partie de réseaux influents, qui a un budget annuel de plus de 200 millions de dollars et dont le PDG a gagné 451 813 dollars [354 000 euros] en 2009. Les bureaux de CHF en Haïti “sont installés dans deux hôtels particuliers spacieux de Port-au-Prince et l’entreprise dispose d’une flotte de véhicules flambant neufs,” selon le magazine Rolling Stone.

Rolling Stone a également révélé l’existence d’un autre contrat, d’une valeur de 1,5 million dollars, accordé au cabinet de conseil Dalberg Global Development Advisors, dont le siège est à New York. Selon l’article, le personnel de Dalberg “n’avait jamais vécu à l’étranger, n’avait aucune expérience en matière de catastrophe naturelle ou d’urbanisme, et n’avait jamais été responsable de programmes sur le terrain”, et seul un membre de l’équipe parlait français.

Le 16 janvier 2010, George W. Bush et Bill Clinton ont annoncé le lancement d’une collecte de fonds pour Haïti. En octobre 2011, les dons avaient atteint la somme de 54 millions de dollars. Deux millions ont contribué à la construction d’un hôtel de luxe en Haïti, pour un budget total de 29 millions de dollars.

5) Une partie de l’argent a été versée à des entreprises qui profitent des catastrophes naturelles. Lewis Lucke, un coordinateur haut placé d’Usaid, a rencontré le Premier ministre haïtien deux fois à la suite du tremblement de terre. Il a ensuite démissionné et a été embauché – pour un salaire mensuel de 30 000 dollars – par la société Ashbritt, installée en Floride (déjà célèbre pour avoir obtenu des subventions considérables sans appel d’offres après l’ouragan Katrina) et par un partenaire haïtien prospère, afin de faire du lobbying pour obtenir des contrats. Lewis Lucke a déclaré qu’il était “devenu évident que si la situation était gérée correctement le séisme pouvait apparaître comme une opportunité autant que comme une calamité”. Ashbritt et son partenaire haïtien se sont rapidement vu attribuer un contrat de 10 millions de dollars sans appel d’offres.

6) Une partie non négligeable de l’argent promis n’a jamais été distribuée. La communauté internationale a décidé de ne pas laisser le gouvernement haïtien gérer le fonds d’assistance et de relèvement et a insisté pour que deux institutions soient créées pour approuver les projets et les dépenses dédiées aux fonds de reconstruction envoyés pour Haïti : la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) et le Fonds pour la reconstruction d’Haïti.

En mars 2010, lors d’une conférence, les Etats membres de l’ONU se sont engagés à verser 5,3 milliards de dollars sur deux ans et un total de 9,9 milliards de dollars sur trois ans. En juillet 2010, seules 10 % des sommes promises avaient été versées à la CIRH.

7) Une grande partie de l’argent donné n’a pas encore été dépensée. Près de deux ans après le tremblement de terre, moins de 1 % des 412 millions de dollars alloués par les Etats-Unis à la reconstruction d’infrastructures en Haïti ont été dépensés par Usaid et le département d’Etat américain, et seuls 12 % ont réellement été affectés, selon un rapport publié en novembre 2011 par le bureau américain chargé du contrôle des comptes (GAO).

La CIRH qui, depuis sa création, a été sévèrement critiquée par les Haïtiens, entre autres, est suspendue depuis la fin de son mandat, en octobre 2011. Le Fonds pour la reconstruction d’Haïti a été créé pour fonctionner en tandem avec la CIHR. Ainsi, tant que cette dernière est interrompue, le Fonds pourra difficilement poursuivre sa mission.

Que faire ? Au lieu de donner de l’argent à des intermédiaires, les dons devraient être envoyés autant que possible aux organismes haïtiens publics et privés. Le respect, la transparence et l’obligation de rendre des comptes constituent les fondements des droits humains.

Source courrierinternational Via Marc Lafontan  d’Au-Bout-de-la-Route

Volti

24 Commentaires

    • Salut Pokefric

      tout à fait d’accord sur le “désintéressement” et l’humanisme des US dés qu’ils salivent sur du pétrole.

      par contre en ce qui concerne le fait que leurs soldats étaient prêts comme par hasard à aller en Haïti pour aider des populations suite à un séisme, je me pose la question :
      même si la  séismologie  n’est pas encore au top 
      il est quand même possible, grosso modo de pressentir des semaines à l’avance quand une zone devient à très haut risque.

      et les spécialistes s’attendaient à ce que ça “tape”,
      il suffisait de suivvre en temps réel les graphiques sismiques
      (et c’est plus facile d’envoyer des gros contingents et de s’interesser au pétrole près d’Haïti qu’en Indonésie,
      il me semble?)
      donc les contingents étaient prêts.

      ne crois pas que je n’ai pas un oeil grand ouvert sur les thèses conspirationnistes
      mais l’un n’empêche pas l’autre.

      bon  WE

  1. N’oubliez pas de regarder la petite vidéo quakemachine

    • Il faudra réinventer la science fiction, parce que la, la réalité l’a dépassée…….

      • re Poke

        en général quand les US mettent leur nez quelque part,
        c’est rarement pour le bien de l’humanité.
        mais comme toujours, 

        ne faisons pas d’amalgame entre le peuple américain et les racailles dirigeantes:

        des  ricains vient sur le territoire US dans la même misère  que les haïtiens chez eux.

        souvenons-nous de Katrina,
        où là il semblerait que ce soit les ricains eux-mêmes qui aient été les victimes de leur gouvernants.

        • AH mais tout à fait, tu a entièrement raison.On parle de l’armée et de sa gouvernance.
          Le peuple se réveillera tôt ou tard…….

          • Juste pour rajouter, que Katrina à dévasté une forte concentration d’américain d’origine noires..
            C’est pas pour en débattre, c’est juste une constatation…
            Plus de la moitié des noirs catholiques des États-Unis vivent en Louisiane.

            • Delphine, sans vouloir faire de la science fiction, tu admettra qu’ils se passe pas toujours des évènements très rationnel.
              Du moins, dans la façon dont ils sont considérés et exploités…….

              • en effet
                si on veut limiter le monde à des lectures rationnelles
                c’est parfois insuffisant

                et l’irrationnel est souvent du rationnel en devenir
                imagine la tête d’un homme du moyen age devant un i-phone!
                miroir magique de sorcière!
                direct au bûcher!

                par contre il y a une vraie dimension métaphysique
                où nous devons sans doute avoir l’humilité
                d’abandonner certaines pseudo certitudes,

                et ça fait beaucoup de bien!

            • en effet,  je crains que pour certaines franges dures et “fauconnières” us
              les noirs restent un problème,
              alors que les noirs représentent une vraie richesse de la nation américaine,
              il suffit de voir leurs artistes,  écrivains etc.

              mais aussi le nombre de noirs innocents qui croupissent dans les couloirs de la mort.

              le racisme est loin d’être éradiqué dans l’amérique profonde, malgré les valeurs sur lesquelles leur constitution est fondée.

      • c’est tout le probleme de la sciences fiction !! la réalitée la dépasse souvent !!!

        • Tout ce qui peut être imaginé ou presque par l’humain, est réalisable, sans quoi,il n’en aurait pas la moindre pensée.
          C’est de moi, ne cherchez pas…….lol

      • Oui il faut arrêter l’amalgame : dirigeants américains / peuple américains..

  2. bonjour à tous

    vous me semblez tres étonné de ces résultats concernant l’argent de tout les dons pour Haiti,par contre vous le serrez encore plus quand la facture va arrivée si c’est pas déja fait.Vous pensez peut etre que chaque GIs ,véhicule et sac de riz (riz OGM bien sur)n’a pas été facturé.Un peu d’histoire pour vous rappeler les “dons” des USA nous concernant pendant la guerre d’Indochine:ces gros porcs de ricain,versaient 1 million de dollards par jour de guerre à la France pour éviter la téhorie des dominos concernant le communisme dans les pays du sud est asiatique,et bien il est fort possible que vous et moi ,on payent encore cette facture qui à permis à une 100 de gros porcs américain de s’en foutre pleins les fouilles et ces connards sont ceux dont ce blog parle souvent( rocfeller,carnégie,roldshild ,etc………………..)

  3. Et ben!!!On est parfois contents de ne pas être assis sur des réserves de pétroles!

  4. On oublie trop souvent le problême humain pour le profit de l’économie. Beaucoup de personne sont dans la pauvreté et survivent tant bien que mal. Je trouve ca un peu ignoble

  5. Bonjour à tous les donneurs de leçons qui parlent sans savoir (comme l’auteur de cet article inepte).
    Contrairement à vous tous, j’ai travaillé à Haïti pour la reconstruction et les secours. Dans le monde parfait peuplé de bisounours que vous imaginez, les gentils donateurs donnent aux gentilles victimes. Les gentilles victimes reconstruisent et tout le monde se congratule.
    Sauf que c’est pas ça du tout. Pour aider et reconstruire, il faut des personnes qualifiées : on n’en trouve pas sur place. Il faut aussi des banques et un système financier pour payer les entreprises, les employés… Il n’y en a pas. Il faut des gens de confiance qui représentent la population (un gouvernement et quelques institutions) : Il n’y en a pas.
    Alors les contributeurs et les ONG passent des contrats avec des professionnels.
    C’est aussi simple que ça. Donner directement l’argent aux haïtiens, c’est le jeter à la mer.
    In fine, tout sera reconstruit et, faute de société organisée et de système éducatif, tout sera dilapidé… Bonne nuit les bisounours.
     

    • On aura beau dire que donner l’argent aux haïtiens c’est le jeter par les fenêtres, le donner aux ONG pour moi c’est pareil. Depuis le temps que les ONG sont sur place, des années avant le tremblement de terre, rien ( même avant le tremblement de terre ) n’a jamais été fait depuis, à part maintenir les personnes dans la dépendance et les dons qui ont la fâcheuse habitude de disparaître. Il y en a des très bonnes certes, mais de très mauvaises dont on se demande leur but en réalité. Pour moi, le distribuer aux peuples lui-même seraient nettement plus productif pour le pays que tout ces beaux parleurs. Avec peu de moyens, pleins d’initiatives positives de la part des haïtiens ( vécut )

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