Le TK Bremen, un navire à déconstruire avec des pincettes…

Les travaux de déconstruction du navire échoué sur la plage d’Erdeven en décembre dernier font craindre une pollution supplémentaire…

Le démantèlement du cargo TK Bremen sur la plage d'Erdeven, dans le Morbihan, a commencé samedi 7 janvier. David Vincent/AP/SIPA

L’association Robin des bois surveille de près la déconstruction du TK-Bremen, le cargo échoué sur une plage du Morbihan en décembre dernier, victime de la tempête Joachim. Une immense grue de 250 tonnes, assemblée directement sur la plage d’Erdeven, est entrée en action samedi 7 janvier, à 10h. Le cisaillage ne devrait prendre que trois semaines, mais ce n’est pas forcément une bonne nouvelle: selon Robin des bois, «la rapidité et la brutalité ne sont pas les meilleures alliées de la sécurité des travailleurs et de la protection de l’environnement».

Amiante, PCB ou plomb au fond des cales?

La crainte de l’association: une mauvaise prise en compte des pollutions qui pourraient être libérées par les petits bouts du cargo. «Ce déchet industriel de plus de 2.000 tonnes contenant de l’amiante sous diverses formes, des PCB, des tartres d’hydrocarbures, des déchets de peinture au plomb, au mercure et à l’étain ne fait pas l’objet d’une autorisation temporaire d’Installation classée pour la protection de l’environnement, écrit l’association dans un communiqué. Par exemple, en tant que transporteur de vrac agroalimentaire, le TK Bremen a subi de multiples fumigations visant à protéger et à conserver les produits agricoles et il est probable que des résidus de pesticides se soient concentrés sur les parois et dans les fonds des cales». L’association Robin des Bois a demandé au préfet du Morbihan, à la préfecture maritime et à l’Inspection du travail de publier la cartographie des déchets dangereux présents sur le TK Bremen.

Une hélice en souvenir

Les 2.000 tonnes de ferraille du TK-Bremen doivent être découpées de haut en bas, afin d’assurer sa stabilité, avant d’être envoyées dans une filière de recyclage. Un risque pour les travailleurs des chantiers de recyclage, selon Robin des bois: «En traitant ces ferrailles polluées, l’aciérie qui recyclera le TK Bremen exposera ses ouvriers à des risques supplémentaires et augmentera la charge de ses effluents atmosphériques», estime l’association.

Selon l’entreprise néerlandaise Euro Demolition, en charge du démantèlement du navire, le chantier ne «représente pas de difficultés particulières». L’évacuation des pièces contenant de l’amiante prendra «moins d’une journée car les quantités sont beaucoup moins importantes qu’annoncé», expliquait la semaine dernière Jean-Pierre Labonne, préfet maritime de l’Atlantique, et le désamiantage aura lieu sur un site spécialisé. Les semaines suivant la déconstruction du bateau seront dédiées à la remise en état des dunes de Kerminihy, abimées par le flot de curieux venus voir le bateau échoué. Ce site classé Natura 2000 devrait être «entièrement réhabilité» le 6 avril, selon la préfecture. Si tout se passe bien, il ne devrait rester du TK-Bremen que son hélice, conservée en souvenir. Et peut-être quelques boulettes de gasoil dans le sable.

Audrey Chauvet

Volti

2 Commentaires

  1. Une petite prime pour les ouvriers devrait pallier aux problèmes d’insalubrités…..
     

  2. @nono, hier voilà l’exemple que j’avais à l’esprit à propos du cargo échoué en Nouvelle Zélande. Tu as raison, les causes ne sont pas les mêmes.

    Ici, une véritable illustration de ce je disais. Le cargo maltais TK Bremen, après avoir trouvé refuge dans la rade de Lorient puis le commandant a quitté la zone, sous la pression de son armateur alors que la tempête “Joachim” faisait rage. Tous ces navires vétustes et non conformes devraient être mis aux rencards.

    Chaque jour, des pétroliers mais aussi des chimiquiers et des méthaniers croisent sur noss côtes et présentent un véritable danger pour les populations.

    La sécurité maritime dans nos eaux territoriales mériteraient une surveillance accrue de la Marine Nationale. Ainsi, une vérification (contrôle technique) dans des zones portuaires faites pour ce genre d’activités permettrait de revitaliser l’économie de nombreux sies de constructions navales.

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