Antagonismes ethniques en Afrique : genèse d’un cancer socio-politique

Merci à Papa Samba qui m’a envoyé cet article issu de sa plume.

http://medias.lepost.fr/ill/2011/01/20/h-20-2377745-1295527641.gifLes violences ethniques sont vécues un peu partout dans le monde. Il s’agit d’une forme d’agression physiques ou morales ethniques « différents » ou proches à l’égard de leurs membres sur la base de perceptions et des comportements négatifs liés à des préjugés hostiles nourris. On a tendance à associer ethnicisme et conflits politiques dans la science politique africaniste majoritaire en Europe. Une relation simpliste que véhicule la plupart des médias dits occidentaux.

Or, la réalité montre que ce phénomène touche aussi, et parfois à des proportions importantes comme l’Inde, le Royaume-Uni, l’Italie, la Chine, le Pakistan, la Russie, le Mexique etc…

De même, l’une des explications les plus répandues de ce phénomène est d’imputer ses causes et sa persistance aux élites politiques en exercice.

En effet, dans le contexte africain cette thèse peut être défendue à condition de ne pas occulter l’origine lointaine du mal. Certains dirigeants se sont appuyés sur leur ethnie pour arriver au pouvoir. Une fois cela fait, ils n’ont gouverné que dans l’intérêt des leurs, suscitant un mécontentement chez les groupes exclus. Donc cette frustration qui a été dans beaucoup de cas politisée et exprimée par la violence. L’étiquette ethnique est le produit historique d’intérêts politico-économiques et sociaux. Nous pouvons citer en Afrique les violences ethniques entre «  Hutus contre Tutsis au Rwanda et au Burundi, Kikuyus contre Luos au Kenya, Bétés contre Dioulas et Baoulés en Côte d’Ivoire, Bamilékés contre Bétis au Cameroun. »

 

Les causes lointaines des violences ethnico-politiques en Afrique sont à chercher dans la politique de manipulation des ethnies gérée par le pouvoir colonial, qu’il soit allemand, belge ou britannique. Selon une théorie des invasions successives préconisées par l’explorateur John Speke en 1863 dans le cadre du mythe hamitique, les administrateurs coloniaux, appuyés fortement par les missionnaires, classèrent les populations de manière très hiérarchisée : Hamites, Bantous et Pygmées1. Cette théorie peut être résumée dans la pensée du colonisateur français le Maréchal Lyautzey : « s’il y a des mœurs et des coutumes à respecter, il y a aussi des haines et des rivalités qu’il faut démêler et utiliser à notre profit, en opposant les unes aux autres, en nous appuyant sur les unes pour mieux vaincre les autres. »

 

Revenons aux exemples les plus célèbres !!!

Au Rwanda et au Burundi, les premiers signes de clivages entre les diverses composantes de la société apparurent dans les années 1930, lorsque la Belgique dans sa politique d’administration indirecte, décida de s’appuyer sur les Tutsi. Elle consigna dans les carnets d’identité les mentions ethnique et clanique. Lors d’une vaste réforme administrative couvrant la période de 1929 à 1933, elle destitua toutes les autorités coutumières hutu. La nouvelle élite grandit en se nourrissant du mythe hamitique qui créa, chez les uns, un complexe de supériorité, et chez les autres un complexe d’infériorité. Ainsi, le colonisateur a persuadé les tutsi qu’ils étaient plus intelligents que les autres groupes ethniques. Cette politique du « diviser pour mieux régner » est l’une des causes lointaines du génocide rwandais, lequel a commencé au Burundi.

Il appartient dès lors aux gouvernants africains de prendre conscience de ces démons ethniques créés de toute pièce et de gouverner dans une logique de diversité sociologique et anthropologique pour servir l’intérêt national, consolider les liens fraternels au sein des peuples. Cette démarche doit reposer sur une philosophie du consensus africain qui consiste à respecter l’altérité ethnoculturelle.

Les démons ethniques planent et hantent les esprits dans l’atmosphère au point que dans certains pays le recensement démographique a été abandonné : le Liban, le Pakistan, le Kenya et le Nigeria pour ne citer que ceux-ci. Dans ces pays, on craint la cohabitation par la revendication de droits fondés sur la majorité ethnique. Gouverner en Afrique en transcendant le piège ethniciste ; nombre de chefs d’Etat le comprennent mais n’y arrivent pas toujours. Voilà un des défis majeurs de nos sociétés.

Dans certains pays comme le Sénégal, c’est le cousinage à plaisanterie qui est mobilisé pour anticiper les risques de fissures ethnicistes. Ce mécanisme est même un moyen de médiation qui a été mis en œuvre dans la résolution du conflit casamançais, au sud du pays.

Toutefois, dans la région des Grands Lacs, Les mécanismes proposés pour prévenir, gérer et régler les conflits et les violences ont du mal à porter leurs fruits, car cette partie du continent africain reste victime de son énorme potentiel économique, mais surtout peine à exorciser le mal pour se tourner vers un avenir meilleur.

Du reste, certains acteurs importants impliqués dans ces crises s’entêtent à nier les crimes de guerre et autres génocides qui gangrènent cette partie de l’Afrique. Autant d’attitudes dangereuses face à une crise endémique loin d’être « un détail de l’histoire »

Senrevolution.com (Le savoir est une arme)

Benji

2 Commentaires

  1. merci pour cet article,ayant partagé la vie africaine ,en ‘immersion ” forcée ,vie  si riche
    je suis ok sur votre analyse ,mais faites attention aussi ,à tous ces clivages locaux ,qui perdurent ,de l’afrique de l’Ouest à Madagascar ,
    rien que dans un petit village perdu ,au fond de la brousse ,de la piste
    avec ses “différences” suivant les castes ,suivant la religion ,l’ethnie ,j’ai découvert cela récemment ,cela aussi est un gros blocage ,qui est plus des êtres dans leur réalité quotidienne ,et oui acerbé par les nouveaux colonialistes ONG divers ,qui décident sans les écouter ;
     les dirigeants qui se revendiquent aussi de certaines origines ,peuples au dessus des autres !!!!!,là est peut-être un début ce cette réalité , comment s’élever eux !!.
    la religion ,et la politique sont soeurs ,pour attiser pour régner ,car tous vivent des autres !!!!(sentiment personnel) . bon chemin  marie !.

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