Sécurité : Guéant propose aux citoyens de faire la police

Avec tous ceux qui ont été mit au chômage, il y a de la place! Bref, c’est la porte ouverte à tout le monde, et la qualité est donc revue à la baisse, forcément…

Un récent décret permet à tout un chacun de rejoindre la réserve de la police, jusqu’ici exclusivement constituée de policiers retraités. Pour le moins risqué.

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant en déplacement près de Bordeaux le 28 octobre dernier  (AFP) Le ministre de l’Intérieur Claude Guéant en déplacement près de Bordeaux le 28 octobre dernier (AFP)

La publication du décret issu de la Loppsi 2, jeudi 27 octobre, était passée presque inaperçue, jusqu’à ce que le ministre de l’Intérieur Claude Guéant propose, lundi 31 octobre à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, l’ouverture de la réserve de la police à tout citoyen souhaitant “servir son pays”. Une mesure parmi d’autres (renfort de CRS, mise en place d’un référent policier, numéro vert pour les habitants) visant, selon le ministre, à renforcer la sécurité et à lutter contre la présence de dealers dans le quartier Zola-Arago. Et qui, aussi surprenante soit-elle, intervient à point nommé, quatre jours seulement après la diffusion, dans le JT de “France 2”, d’un reportage sur le trafic dans le quartier.

Des habitants qui “recevront une formation, un uniforme”

S’ils saluent la présence renforcée de la police depuis vendredi dernier, les habitants du quartier Zola-Arago n’avaient pas attendu le ministre pour se mobiliser. Depuis plusieurs mois, à l’initiative d’une association de locataires, ils redoublent d’énergie (marches, repas de quartiers, rencontres avec le responsable de l’office HLM, le préfet,…) pour faire entendre leur ras-le-bol. Le ministre a saisi la balle au bond, arguant que pour “entretenir (cette) formidable mobilisation citoyenne”, la police aura désormais recours à des “habitants volontaires qui recevront une formation, un uniforme et seront indemnisés lors de leurs vacations.” Une proposition qui n’est pas sans rappeler le dispositif voisins vigilants cher au ministre, mais qui suscite indignation, inquiétude, et pose de nombreuses questions : pourquoi, comment, quelle formation, quelles missions, quel encadrement et surtout, quels risques encourus pour les volontaires ?

“Policier n’est pas un métier d’intérimaire”

Si le décret est consultable, l’arrêté précisant ses modalités d’application n’a pas encore été publié. Mais la proposition suscite d’ores et déjà de vives réactions, dont l’incompréhension et l’inquiétude de certains policiers. “Etre policier n’est pas un métier d’intérimaire, ça ne s’improvise pas”, tempête le secrétaire général du syndicat SGP Unité police FO Nicolas Comte, qui explique au “Nouvel Observateur” avoir en juin dernier “voté contre” cette proposition qu’il ne voit “pas comme une bonne chose.” Ses craintes sont multiples : “quel sera le profil des volontaires ? Ne seront-ils pas des recalés de la profession d’adjoint de sécurité ou alors essentiellement motivés par l’argent ?” Et le policier d’ajouter “qu’on ne règle pas des problèmes de trafic de drogue avec des réservistes citoyens”, avant de rappeler une fois de plus les problèmes d’effectifs rencontrés au quotidien par les policiers.

La différence avec les policiers ? Quelques détails vestimentaires

Le syndicat Alliance police a quant à lui voté en faveur du décret “à trois conditions sinéquanones” qu’explique jeudi 3 novembre au “Nouvel Observateur” son secrétaire général Denis Jacob : “les réservistes qui ne sont pas policiers ne doivent pas être armés, porter un signe distinctif permettant de ne pas les confondre avec les policiers (signe distinctif sur la casquette, chemise de couleur différente, mention ‘réserviste’), et doivent se cantonner aux tâches indues (accueil,…) et aucun cas ne faire du maintien de l’ordre.” Si le syndicat a été entendu sur ces trois points, il est bien difficile d’imaginer que toute confusion sera évitée du fait de ces détails vestimentaires. Comment réagiront ces citoyens volontaires quand ils seront confrontés à une difficulté, quelle qu’elle soit, sur la voie publique ?

Appel à candidatures

Peut prétendre à être “réserviste citoyen” toute personne qui a entre 18 et 65 ans et a la nationalité française. “Un extrait de casier judiciaire, un certificat individuel de participation à la journée d’appel à la défense ou un justificatif du service militaire et un certificat médical” sont également demandés selon Denis Jacob, ajoutant que “tout titre ou diplôme doit être mentionné”. Le préfet examine les dossiers des candidats qui seront ensuite, ou non, convoqués pour un entretien visant “à tester leurs compétences et motivation à exercer leur mission de réserviste”.

“Ni police secours ni maintien de l’ordre”

La mission de réserviste, rémunérée selon un forfait journalier de 97 euros “non imposable”, n’est pas un emploi à plein temps. Si les policiers retraités, qui jusqu’ici composaient exclusivement la réserve de la police, peuvent l’exercer jusqu’à 150 jours par an (210 s’ils partent en mission à l’étranger), les citoyens volontaires ne pourront pas excéder 90 jours de mission chaque année. “Ils ne feront ni police secours ni maintien de l’ordre” répète le secrétaire général d’Alliance police, rappelant leurs missions “d’accueil et de jalonnement” lors “d’événements spéciaux”, lors du “Tour de France” par exemple, ou “le 14 juillet, quand les abords des Champs Elysées sont jalonnés d’un policier à chaque mètre”. Interrogé plus précisément sur les missions “d’accueil”, Denis Jacob répond que les volontaires pourront, par exemple, “renseigner les gens dans la rue, être en contact avec la population, rassurer…” Autant de missions qui ne s’improvisent pas, loin de là.

Et les 6.000 policiers retraités disponibles ?

La courte formation prévue pour ces citoyens volontaires n’a rien de rassurant non plus. S’ils doivent bénéficier “d’une formation continue” en fonction de “leurs domaines d’intervention”, leur formation générale ne durera pas plus de 15 jours, explique aussi le policier. Au programme : “la découverte de l’organisation de la police et son administration, les différentes missions, les règles déontologiques et le savoir-faire professionnel de base.” Suffisant, selon le ministère, pour que le volontaire endosse l’uniforme et exerce la mission. Mais il sera “toujours accompagné d’au moins un policier réserviste”, nous dit-on. Cette proposition vient-elle d’un manque de policiers réservistes ? Non, répond le secrétaire général d’Alliance police, qui assure que, sur “les 10.000 policiers volontaires, seuls 4.000, environ, sont actifs”. Pourquoi, dans ce cas, ne pas faire prioritairement appel à ces policiers ? Denis Jacob s’interroge également, avant de suggérer “une volonté d’ouverture de la police.”

“On n’entre pas dans cette combine”

A Saint-Ouen, les membres de l’association de locataires ont été “extrêmement choqués” par le fait que le ministre leur “propose de faire la police”, rapporte son président Abdellah Fraygui au “Nouvel Observateur”. Dénonçant des méthodes de “délation et de collaboration rappelant des heures sombres de l’histoire”, leur verdict est sans appel : “à chacun ses responsabilités. On n’entre pas dans cette combine.”

Contacté par “Le Nouvel Observateur”, le ministère de l’Intérieur n’était pas disponible jeudi soir pour répondre à nos questions.

Source: tempsreel.nouvelobs.com

Benji

18 Commentaires

  1. en voila une nouvelle ….mieux diviser pour mieux régner….. tous les rsa.. dans la police …..tous les policiers au chômdu…… tous les politiques avec une pelle et une pioche avec un bol d’eau tiède et un crouton……tous les pdg tous les banquiers, tous les actionnaires sur une ile déserte… mais vraiment déserte… ça en est une bonne idée

  2. Depuis le temps qu’on annonce une guerre civile. On peut constater qu’on a déjà les fondations juridiques pour commencer à recruter des troupes du coté du pouvoir. Avec la multiplication de préfets issus de la police, et maintenant cette future milice de citoyens, je vois que l’un des camps se prépare déjà pour donner des coups à l’autre.

  3. hé ben y’a des moutons qui vont plus se sentir pisser

  4. 15 jours de formations ?
    Autant envoyer des poules dans une cage au lion.

  5. A nouveau la milice….

    …la Gestapo de retour?

    Qu’est-ce qui se cache derrière Eurogendfor et son droit d’occupation?
    http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=2005

    Il serait temps de resserrer les liens entre concitoyens!

  6. et c’est reparti …comme en 40 …

  7. Messieurs les policiers retraités, restez bien au chaud chez vous, ne rejoignez pas ce qui semble s’apparenter a des milices, les mêmes que sous le régime de Pétain, qui ont déportés les juifs et volés les français. restez du bon coté car ce qui se prépare risquerait de vous faire perdre vos derniers cheveux.

  8.  
    Quel c… ce Guéant, un type sinistre qui aurait eut sa place pendant l’occupation française.
    A 97€ la journée vous allez voir débouler tous les dérangés du ciboulot, les minables, les incultes non pas pour aider à la sécurité publique (fonction noble) mais pour jouer les durs, les rambos, les redresseurs de tords, casser du nègre et du bougnoule, se prendre pour quelqu’un, exister un instant etc…
    Déjà qu’au niveau de la police vous avez des cas mais si on recrute n’importe qui n’importe comment… ça me rappelle les sinistres milices de la première moitié du 20ème siècle…
     

  9. La ou j’habite : Zone Urbaine Sensible, on a déjà des Conseils de Quartiers dont certains membres semblent….. comment dire? ….. très proches des petits trafics organisés. Et c’est quand même mieux d’être du coté du marteau que de l’enclume ….!!!

    Donc, en exagérant à peine, on peut imaginer les potes du gros dealer du coin remplir les fonctions de “policier citoyen” en allant terroriser les “salopards” de salariés actifs, de retraités paisibles, ou de chomeurs en recherche d”emploi, et même, pourquoi pas, les “vrais” policiers qui chercheraient encore qui trafique quoi !!!!
    Et si ce même gros dealer avait des visées sur la femme de tel ou tel conseiller municipal, elle a tout intéret à “passer à la casserole”, sinon on fait intervenir la “police citoyenne” !!!!

    Oui, comme dit ci-dessus, ça rappelle le ” bon vieux temps” des années sombres de l’occupation allemande en France. 

    Et, à noter, si les politiciens proposent aux citoyens de devenir “policiers”, ils ne leur proposent pas encore de devenir …. politiciens !!!! Etrange !!!         

  10. Et dire que certain ont peur du FN !!!

  11. bientot le retour de la milice…et de sombres histoires.

  12. Ça fait 10 ans que tout ça se mets en place. Maintenant faut trouvé le(s) bouc-émissaire(s), les rabaisser jusqu’à que ça en deviennent normal et après on peut allumer le four.
    Tiens ça me rappelle cette vielle Roms de Paris qui s’était fait raser sa tôle par le bulldozer et qui disait: c’est comme ça que ça à commencer en 39.

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