Scandale à “ni putes ni soumises”

On ne va pas trop s’étonner qu’il y ait des dérives et du détournement de fond de la part d’une grande associations quelle qu’elle soit, c’est juste pour la petite info…

Un mystérieux mail dénonce les abus de Sihem Habchi, présidente du mouvement. Huit salariés sont en grève et toute une gestion est mise en cause. Des militantes témoignent.  Par Marie Vaton et Elsa Vigoureux

L’association de défense des femmes violentées, aussi puissante que controversée, est aujourd’hui en roue libre.  KENZO TRIBOUILLARD / AFP L’association de défense des femmes violentées, aussi puissante que controversée, est aujourd’hui en roue libre. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

C’est la grève à Ni Putes Ni Soumises (NPNS). Mais personne ne doit le savoir, ni les militants, et encore moins les journalistes. Alors, non rien à dire, “on ne communique pas”. Trois cents mètres carrés de locaux au milieu du 20ème arrondissement de la capitale, et rien que huit grévistes attablés au milieu d’une salle quasi-déserte, s’affolent à l’idée que l’affaire s’ébruite. Derrière eux, comme tenues à l’écart du secret, des jeunes filles en service civil planchent dans des salles aux portes closes. Les salariés, Gabrielle Apfelbaum, directrice de la communication, Fanny Derenne, coordinatrice du mouvement, Jean-François Laloué, responsable des relations institutionnelles, organisent des assemblées générales chaque jour, qui se tiennent depuis vendredi dernier entre les murs blancs et rose fushia de l’association. Le bureau de la comptabilité est fermé à clef. Celui de la présidente aussi. Sihem Habchi se terre quelque part.

L’association de défense des femmes violentées, aussi puissante que controversée, est aujourd’hui en roue libre. Que se passe-t-il ? “Nous sommes grévistes, mais cette situation se gère avec les instances dirigeantes”, assène-t-on en chœur. Et circulez, y’a rien à voir : “C’est la fin de notre entretien. On vous raccompagne ?”. Pas un mot donc sur le mystérieux “corbeau”, un certain “Harry Potter”, auteur d’un mail incendiaire sur la gestion de l’association.

Des frais de bouche “scandaleux”

La missive anonyme court les boîtes de messagerie des militants NPNS et de leurs partenaires associatifs. Le titre : “Sihem Habchi tue Ni Putes Ni Soumises”. Deux pages et demi d’allégations pour dénoncer “conflits d’intérêt et mélange des genres” dans l’association. Où Sihem Habchi est accusée de placer les siens. Deux de ses sœurs siègent au Conseil d’Administration. Son compagnon a refait le site de l’association pour la modique somme de 20.000 euros. Où il est reproché à Sihem Habchi de ne se déplacer qu’en taxi sur le compte exclusif de l’association, 072413 chez taxis Bleus : “les factures peuvent atteindre 3.000 euros par mois”.  Où il est indiqué que Sihem Habchi se ferait rembourser des frais de bouche et de téléphone “scandaleux” sans lien avec ses fonctions : “800 euros parfois pour un seul mois”. Selon le corbeau “Sihem Habchi confond (…) l’association avec son entreprise à elle”.

Il n’y a pas que lui. Sur le terrain, les témoignages pleuvent. “Tyrannique”, “despotique”, la jeune femme présidente du mouvement le viderait désormais de tout son sens. “On a d’abord essayé de changer les choses en interne, mais personne n’a réagi, au Conseil d’Administration comme ailleurs”, indique Bouchera Azzouz, ancienne secrétaire générale de NPNS arbitrairement débarquée en 2009.

“J’ai fini chez le psy”

Comme une cocotte-minute, l’association explose. Sur ces quatre dernières années, un turn-over qui dépasse la normale avec une vingtaine de départs de jeunes femmes trop souvent poussées à bout. Plusieurs d’entre elles, dont Alia* sont parties en dépression : La jeune femme, payée 1.500 euros net par mois pour intervenir en zones sensibles, enchaînait les heures supplémentaires et payait de sa poche ses tickets de transport : “A la fin, je faisais même le ménage dans les locaux. Elles m’ont détruite, j’ai fini chez le psy“, dit-elle aujourd’hui.

Une autre raconte qu’elle devait prendre sur ses propres deniers face à la détresse d’une femme qui ne savait où dormir. “Je voulais qu’il y ait un fonds de roulement de 300 euros à l’accueil pour réagir dans pareille situation, raconte Warda. Rien n’est venu”. Et quand elle a monté son comité local, “le national ne nous a jamais versé le moindre sou, raconte Warda. Même en 2008, alors qu’il nous manquait  1.000 euros pour finir l’année. Par contre, nos initiatives sont reprises dans le rapport d’activités annuel de Ni Putes Ni Soumises”.

“je me demande où sont passé les subventions”

Ni Putes Ni Soumises ne manquait pourtant vraiment pas d’argent. Subventionnée à hauteur de 500.000 euros par an, elle fait partie des associations les mieux loties de France. Mais d’anciennes bénévoles et salariées continuent de s’interroger. Sarah, ancienne vice-présidente de NPNS, a participé à l’opération “Tremplin pour le respect” en 2008 : “je me demande où sont passé les subventions, étant donné que tout reposait sur le système D, et qu’aucun prestataire n’a été payé”. D’autant que l’Education nationale a déboursé 11.000 euros pour ce projet.

Du coup, les financements se font plus rares. La région Ile-de-France a cessé d’alimenter l’association depuis trois ans. L’Acsé (Agence nationale pour la Cohésion sociale et l’égalité des chances), qui finançait cinq postes d’adultes relais sur le terrain à hauteur de 100.000 euros, et offrait des subventions à hauteur de 155.000 notamment pour la plate-forme d’accueil aux victimes, n’a pas encore renouvelé son partenariat.

“Elle ne va pas très bien”

Du côté des instances dirigeantes, Jean-Marie Heussner, membre du Conseil d’Administration, assure qu’il n’y a à NPNS “aucun problème d’argent“. Il réduit la situation à laquelle l’association est aujourd’hui confrontée à “des affaires de jalousie, des conflits de personnes, parce que l’association est un lieu de pouvoir et d’enjeux”. Et promet de ‘tout faire pour sortir de la crise et de la grève en privilégiant toujours l’indépendance de l’association”.

Et pour défendre la présidente de l’association, Sihem Habchi, Jean-Marie Heussner indique que l’usage des taxis est “lié à des questions de sécurité, car elle a été menacée de mort à plusieurs reprises”. Que si ses sœurs sont au Conseil d’Administration, c’est qu’elles sont “militantes”. Enfin, il dit que si Sihem Habchi, que le “Nouvel Observateur” a cherché à contacter à de nombreuses reprises, est injoignable aujourd’hui…c’est qu’elle “ne va pas très bien en ce moment”. A suivre…

Source: tempsreel.nouvelobs.com

Benji

2 Commentaires

  1. Les salariés feraient bien de demander des comptes à la chambre régionale des comptes puisque visiblement certains s’arrangent pour que cela reste en interne…

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