Nationalisation, la vrai fausse solution !

Rappelez-vous de la banque le crédit lyonnais, elle aussi était nationalisé. Résultat des milliards de perte dans les années 90 épongés par les contribuables français. De tout évidence, le savoir faire avant-gardiste français s’exporte bien !

http://static.skynetblogs.be/media/124599/dyn004_original_580_367_jpeg_2621240_99c457c450296ad0ed7aeb4476fb8ac0.jpg

A l’heure où j’écris ces lignes, la banque franco-belge (ou belgo-française) Dexia est au centre de la tourmente. Ses actions ont dévissé de près de 20% en une seule séance. Les gouvernements belge et français discutent de son cas en comité ministériel restreint. Une victime de plus du capitalisme effréné ? La preuve qu’il faut de toute urgence nationaliser les banques ? Oh… wait…

Dans un éditorial paru dans Le Monde Diplomatique en avril 2009 , Serge Halimi appelait sans ambages à nationaliser les banques. Son argument ? Les banques privées ont failli. Leurs gestionnaires, poussés par l’appât du gain, ont consenti à laisser l’ingénierie financière prendre les rênes. Les traders se sont livrés sans retenue à une politique de spéculation débridée qui a mené les banques au bord du gouffre. Preuve éclatante, s’il en fallait encore, que l’Etat et ses commis doivent d’urgence assumer le contrôle de l’ensemble du secteur financier.

 

Chute spectaculaire

Plan séquence. Mardi 4 octobre 2011. Entre l’ouverture et la clôture des marchés, le titre de la banque Dexia dégringole : la chute est de 17%. Bon, en même temps, en chiffres absolus, ça fait moins peur : le titre est passé de 1,21€ à 1,01 € (avec un creux à 0,83€). Mais c’est surtout beaucoup moins impressionnant que la perte cumulée en moins d’un an. Le cours le plus élevé de la banque au cours des dix derniers mois était de 3,38€. En moins d’un an, Dexia aura donc perdu deux tiers de sa valeur. En cause : des actifs toxiques dont la toxicité grimpe plus rapidement encore que les taux de radioactivité dans les réacteurs endommagés de la centrale de Fukushima. Clairement, une banque honteusement spéculatrice récolte aujourd’hui la récolte amère qu’elle a elle-même semée. La preuve que Serge Halimi avait raison ? Pas vraiment, non !

 

Ah ben zut alors!

Le hic, c’est que le groupe Dexia est la plus « nationalisée » de toutes les banques ouest-européennes. Il suffit d’ouvrir le rapport annuel 2010 du groupe pour s’en convaincre:

Au 31 décembre 2010, l’actionnariat se répartissait comme suit:

–          17,6% : Caisse des Dépôts et Consignations (le bras financier de l’Etat Français)

–          14,1% : Holding Communal (une société contrôlées par les municipalités belges)

–          13,8% : Arco Group (une société holding aux mains des syndicats catholiques belges)

–          5,7% : l’Etat français

–          5,7% : l’Etat belge

–          5% : Ethias Group (une société d’assurances qui a elle-même souffert de la crise et qui, au départ était une coopérative d’assurance mise sur pied pour les fonctionnaires belges. Elle est actuellement sous le contrôle de l’Etat et des entités fédérées belges)

En clair : 48,1 % des actions sont directement ou indirectement dans les mains de l’Etat, et les 13,8% dans les mains des syndicats. La banque est donc virtuellement nationalisée. Dans ces conditions, difficile de prétendre que ce sont les vilaines banques privées aux mains de capitalistes sans scrupules qui se sont montrées les plus téméraires et les moins bien gérées.

 

Un conseil d’administration bourré de commis de l’Etat

Mais peut-être les Etats se contentaient-ils d’une position passive et le conseil d’administration, noyauté par d’horribles spéculateurs, faisait-il ce qu’il voulait ? Que nenni ! Jetez un œil au conseil d’administration de Dexia :

Président du Board of Directors : Jean-Luc Dehaene. Un monsieur bien connu des belges qui me lisent, puisqu’il a été plusieurs fois premier ministre du gouvernement belge.

Chief Executive Officer : Pierre Mariani.Un superbe énarque bien hexagonal, qui fut entre autres chef de cabinet du Ministre du Budget et porte-parole du gouvernement français.

Parmi les administrateurs, dont la liste est longue comme un jour sans pain, on retrouve notamment, à côté de banquiers de bon teint

–          Isabelle Bouillot qui fut entre autres conseiller économique du président Mitterand avant d’occuper le poste de responsable du budget au Ministère de l’Economie et des Finances ;

–          Olivier Bourges, qui fut haut fonctionnaire à la Direction du Trésor, à Paris ;

–          Serge Kubla, bourgmestre de la ville de Waterloo, en  Belgique;

–          Koen Van Loo, ancien chef de cabinet du ministre des Finances belges ;

–          Francis Vermeiren, échevin de la ville de Zaventem.

Notons aussi que parmi les anciens administrateurs de Dexia, on retrouve Elio Di Rupo, qui dirige actuellement les négociations de formation d’un nouveau gouvernement belge.

Vous avez dit « banque publique » ?

Un actionnariat au mains de deux Etats et d’organisations syndicales. Un conseil d’administration dirigé par d’anciens politiciens et où siègent de nombreux commis de l’Etat. Et pourtant, Dexia est au bord du gouffre. Difficile, dans ces conditions, d’oser encore prétendre que confier la gestion des banques à l’Etat empêcherait les dérives actuelles.

Car, à part Dexia, quelle banque d’Europe continentale a-t-elle fait la culbute jusqu’ici ? Fortis, bien sûr. Une banque belgo-hollandaise aujourd’hui démantelée et en partie reprise par BNP Paribas. Or, Fortis est elle-même issue de la Caisse Générale d’Epargne et de Retraite, une institution bancaire créée par l’Etat belge et qui a longtemps eu en Belgique le monopole de la récolte de l’épargne publique.

Nationaliser les banques ? Sûrement pas la meilleure solution !

Source: 24hgold.com

By: engel

Un lecteur du blog

5 Commentaires

  1. ENRON vs CREDIT LYONNAIS match nul 😛
    Voilà le modèle libérale dans tout son éclat source wikipedia:

    Enron fut l’une des plus grandes entreprises américaines par sa capitalisation boursière. Outre ses activités propres dans le gaz naturel, cette société texane avait monté un système de courtage par lequel elle achetait et revendait de l’électricité, notamment au réseau des distributeurs de courant de l’État de Californie, communication. En décembre 2001, elle fit faillite en raison des pertes occasionnées par ses opérations spéculatives sur le marché de l’électricité, qui avaient été maquillées en bénéfices via des manipulations comptables. Cette faillite entraîna dans son sillage celle d’Arthur Andersen, qui auditait ses comptes.
    En interne, Enron créa plus de 3 000 sociétés offshores. Le but premier de ces sociétés était de permettre à des investisseurs de cofinancer des infrastructures longues à rentabiliser grâce à la titrisation. Ces sociétés permettaient aussi d’externaliser certains risques importants de la société mère pour éviter de la mettre en péril.
    Enron utilisait largement ce type de sociétés non consolidées dans ces buts et par la suite pour sortir des actifs ou des passifs du bilan. Ces sociétés, dont les sièges sociaux étaient installés dans les îles Caïmans, les Bermudes ou les Bahamas, rendaient ainsi le bilan plus “présentable”. Toutefois, de succinctes informations sur ces filiales étaient indiquées dans des notes en bas de page des documents d’information financière.
     
    L’entreprise poursuivait simultanément une politique de communication agressive. Ainsi, son charismatique président Kenneth Lay envoya aux salariés un courrier leur annonçant qu’il pensait que le cours de l’action gagnerait 800 % avant l’année 2010.
     

  2. Le mot ” nationaliser ” tel que les médias nous le servent n’a pas du tout le sens qu’il a à l’origine. Nationaliser cela veut dire que l’état récupère le contrôle total sur les activités financières, que les responsables financiers incompétents sont virés avec perte et fracas avec poursuites judiciaires à la clef. Nationiser cela veut dire que l’état se réserve le droit de ne pas payer les perts de jeux des spéculateurs afin de préserver l’économie réelle. Nationaliser cela veut dire que la banque est récupérée par la nation pour un Euro symbolique et qu’elle est désormais au service du pays.

    Dans l’esprit de nos dirigeants, comme tout le langage a été perverti, cela veut dire que les bénéfices sont pour les grandes familles et que les pertes sont pour les citoyens. Il est grand temps de revenir aux grands fondamentaux et au bon sens.

  3. Le vrai problème c’est que l’état est déjà privatisé

  4. Comme je le dis ici privatiser les banques ne sert à rien.
    Par contre privatiser les services publics est indispensable : des sociétés d’autoroutes à la Poste, EDF, GDF, France Telecom, l’eau est indispenseble.
    Ces privatisations n’ont rien rapporté aux Français !
    On nous fait croire que la concurrence améliore la qualité des services et baisse les prix !
    Foutaises, c’est le contraire qui s’est produit.
    Vous allez me dire que ça coûtera cher !
    Si on paye le prix de l’action normale oui, mais comme ce prix serait divisé par 3 pour les entreprises et payé au prix normal aux particuliers ce sera très raisonnable.
     

Les commentaires sont clos.