La stratégie française en panne sèche

Comment dans un contexte économique plus que précaire, le gouvernement où le “chef suprême”, a t-il pu engager le pays dans des actions militaires, que le budget de l’état ne permet pas? Combien vont nous coûter les guéguerres du président?
Nous ne sommes pas dupes, il n’y a rien d’humanitaire………

Les armées françaises sont actuellement engagées de façon opérationnelle sur deux théâtres africains : la Libye et la Côte d’Ivoire. Pré carré traditionnel de la France (depuis la colonisation au 19ème siècle jusqu’à la pérennisation des réseaux Foccart, dits françafricains), le continent est le théâtre de vives concurrences entre grandes puissances.

D’une position quasi hégémonique, notamment en Afrique de l’Ouest, sur les plans militaire (le réseau de bases), économique (présence des grands groupes comme Bolloré et Bouygues) et culturel (prédominance du français, contrôle de l’information via RFI), la France se voit progressivement dépassée par la Chine et les États-Unis.

En premier lieu dans le domaine économique. La Chine gagne de nombreuses parts de marché dans les secteurs des services et de l’exploitation des ressources naturelles, traditionnellement contrôlés par les grands groupes français. A titre d’exemple le commerce sino-africain est passé de 30 milliards de dollars en 2004 à 70 milliards en 2007. Les Américains ne sont pas en reste, poussés par le désir de diversifier leur approvisionnement énergétique (exploitation du pétrole du Tchad et du Golfe de Guinée…).

Son dispositif militaire est également affaibli, du fait de la mise en œuvre de politiques d’austérité par les gouvernements successifs. Ainsi le 23ème BIMA, à Dakar, a fermé ses portes, tandis que la 13ème DBLE, plie bagage, quittant Djibouti. De plus les armées françaises, en raison d’un parc d’avions de transport vieillissant, éprouvent les pires difficultés pour assurer la logistique de ces opérations. Les effectifs combattants atteignent également un seuil critique. L’escadron blindé présent en RCI entame son septième mois sur le territoire, alors que son mandat initial était de quatre mois.

Enfin les États-Unis, via leurs puissants réseaux médiatiques ou des organismes tels que USAID, et la Chine, via l’agence de presse étatique XINHUA prennent progressivement le contrôle de l’information, au détriment des réseaux français (RFI), véhiculant ainsi la bonne parole de leurs administrations et entreprises.

Il semble évident que la France n’a plus les moyens de ses ambitions aussi bien en Libye (les moyens aériens engagés sont dérisoires et les résultats insignifiants) qu’en Côte d’Ivoire (malgré la capture de Gbagbo, il est plus que probable que la crise connue par ce pays depuis la chute de Houmphouet Boigny perdure et que la France, en soutenant Ouattara, y a perdu toute crédibilité).

Les raisons hypothétiques de l’engagement en Libye sont multiples. Mettons évidemment tout de suite de côté les raisons humanitaires invoquées. Nous savons très bien que cela n’est que paravent pour déguiser des buts nettement moins avouables. Les exemples de la Somalie, des Balkans ou de l’Afghanistan sont suffisamment parlants. Dans tous ces cas on retrouve toujours la même ribambelle de pseudo « intellectuels », du genre Kouchner ou BHL, nous vendant leur soupe, à l’aspect certes généreux mais qui cache toujours quelques cadavres de rats (cf. le trafic d’organe au Kosovo, les massacres de Mazar-e-Charif…). Sont en jeu les intérêts de la France, ou pour être plus honnêtes de son président.

Premièrement, en pleine difficulté au niveau électoral, le président français n’a-t-il pas voulu redorer son blason , en s’affirmant comme un homme d’état déterminé et prêt à réaliser le coup de force ? Et ce après la cacophonie diplomatique et politique suscitée par la crise tunisienne.

Deuxièmement, l’objectif évident de cette opération est l’exploitation des importantes ressources énergétiques de la Cyrénaïque. En effet depuis la levée des sanctions internationales contre le régime libyen en novembre 2003, les sociétés pétrolières françaises n’ont pas voie au chapitre, contrairement aux américaines (11 concessions sur 15). Ce qui peut expliquer, la prudence des États-Unis à entamer des opérations militaires et leur retrait la semaine dernière. Les Américains se sont engagés à reculons , sous la double pression de la France et de l’opinion publique. Voyant la situation s’enliser, ils ont cerné le risque pour leurs intérêts, menacés notamment par la Chine et la Russie. Ils se sont ainsi gardés une sortie de secours. Ce qui n’est plus le cas de la France. Le temps est loin où Sarkozy recevait Khadafi en grande pompe dans les jardins de l’Élysée.

La guerre en Libye ne serait-t-elle pas avant tout l’expression d’un conflit entre puissances impérialistes ? Pour avoir misé sur le mauvais pion (la rébellion) et ne pas avoir mis en œuvre les moyens nécessaires, dont elle ne dispose de toute façon pas, la France a perdu cette bataille.
La France semble également mal engagée en Côte d’Ivoire. Elle tente de jouer le rôle d’arbitre dans la guerre civile qui se déroule depuis prés de vingt ans dans ce fief de la Françafrique. S’attirant ainsi l’animosité d’une grande partie de la population. Même si, peut-être, les forces françaises n’ont pas directement participé à l’arrestation de Gbagbo, elles ont clairement apporté une aide aux troupes de Ouattara. Selon le principe de l’arroseur arrosé, ce dernier perçu comme un étranger par la partie sud du pays (la plus prospère), perd ainsi définitivement toute crédibilité en tant que président, apparaissant ainsi comme la marionnette des occidentaux. La France vient de favoriser l’accession au pouvoir d’un homme qui ne lui sera probablement d’aucune aide pour défendre ses intérêts dans ce pays. La partition semble inévitable (cf. Bernard Lugan) et la perte des actifs français irrémédiable.

La politique de la canonnière qui a permis à la France, pendant plusieurs décennies, de faire et défaire les gouvernements africains en fonction de ses intérêts ne semble plus à sa portée. Les engagements français actuels ne sont-t-ils pas les derniers soubresauts d’une puissance déclinante condamnée à disparaître du continent noir ? Paradoxalement, dans cette histoire, le capitalisme français s’est mordu la queue. A force de vouloir réduire les budgets de l’État, il s’est privé de l’outil lui permettant de mener « ses guerres ».

Philippe Klein pour armees.com/info
Voir aussi:
SARKOZY – Quatre ans après son élection, c’est l’heure du bilan

Volti

Un Commentaire

  1. Pour Laurent Gbagbo, j’ai discuté la semaine dernière avec un soldat français qui a participé à l’assaut du bunker placé au centre des ambassades européennes.
    150 soldats français étaient engagés dans l’attaque finale aux côtés des Ouattara. Des pro-Gbagbo ivoiriens arrivaient par bateau pour descendre les français mais un hélicoptère de l’ONU piloté par des Ukrainiens ont ouvert le feu pour défendre les Français => 300 morts !
    Ensuite les Français ont ouvert le feu sur les ambassades pour descendre les insurgés en haut des immeubles avec la “12-7” (balles qui traversent les immeubles) Les français ont eu une chance énorme (seulement 2 blessés) car les soldats adverses sont des gamins inexpérimentés et drogués pour la plupart.
    Ensuite les français ont fait exploser un mur du bunker pour faire entrer les Ouattara dans le bunker…. La suite figure sur http://www.lci.fr...

    Les Ouattara ne sont pas mieux que les autres, ils se piquent même à la drogue avant d’aller combattre, des crimes ont été commis et les soldats français sont tous très éprouvés au vue de ce qu’ils ont vu… (des massacres de famille…) Leur colonel a écrit aux familles pour qu’ils prennent conscience de la fragilité psychologique des soldats qui reviennent dans la “douce France”…. J’ai lu le courrier : Cela ressemblait à un retour des français de 14-18.
    Personnellement, je pense que la France a eu raison de prendre position et de défendre un président élu par son Peuple. On a eu de la chance de n’avoir pas de morts.

  2. Qui que ce soit aux commandes du pays, ce sera toujours un pantin aux ordres. Ce qui est inacceptable c’est qu’on doivent se mêler des affaires de l’Afrique? et risquer la vie de nos soldats. Ouattara a été élu, c’était à lui de se débrouiller pour gouverner.
    La liste des scandales avec les “empereurs” Africains est assez longue, seulement ils ont des richesses que leurs “tuteurs” convoitent, sinon ils seraient aidés technologiquement pour qu’ils puissent se prendre en charge…mais ça c’est hors de question.
    Nous sommes engagés dans trois guerres inutiles, Afghanistan, la Lybie, la côte d’Ivoire!
    C’est par pure bonté d’âmes tu crois?
    Je déteste personnellement toutes les guerres, ce sont les peuples qui souffrent et tu l’as dis toi même, elles mettent en exergue les plus bas instincts de l’humain! Qui peut vouloir la paix quand il commet des massacres gratuits?? des femmes et des enfants sont ils de dangereux adversaires? c’est de la lâcheté.
    La guerre ne justifie rien, c’est une régression vers un état antédiluvien, mais c’est ça l’homme dans toute sa splendeur, il se veut l’égal des Dieux et n’est pas fichu de vivre en paix. 😉
    A présent que nous n’avons plus qu’une armée de métier, il serait temps de bâtir un monde meilleur, et pas l’engager dans des bourbiers, d’où nous ne sortirons pas grandis.

  3. Je suis tout a fait d’accord avec toi Volitigeur et j ‘aprouve exactement ce que tu dis !